« Un jour, l’école de notre fille nous a conseillé de l’inscrire dans un club parce qu’elle était très douée. Nous, on ne savait même pas qu’elle jouait au foot », se rappelle en souriant Elvis, le papa de Sueva. Depuis, la vie de sa fille tourne autour de ce sport : entraînements trois soirs par semaine et matchs le week-end. Sueva a même transmis sa passion à sa petite sœur Ava.
Sur le terrain, queue-de-cheval au vent, Sueva court comme une flèche. Elle jongle, dribble et passe la balle à ses coéquipiers. Il y a deux ans, elle jouait avec les filles du TFC, le fameux Toulouse Football Club, mais elle a fini par s’y ennuyer. Pour s’améliorer, elle joue depuis deux ans avec les garçons du club US Bagatelle, un autre club de Toulouse. « Avec les garçons, le jeu est plus physique. Je progresse deux fois plus vite avec eux qu’avec les filles », affirme Sueva. Tant pis si elle est la seule fille inscrite dans cette catégorie d’âge, son objectif est de faire toujours plus de progrès.
« Elle a montré qu’elle avait le niveau »
Crampons aux pieds, Sueva a dû se faire une place dans un groupe uniquement masculin. Les 35 garçons de l’équipe l’ont bien accueillie, avec tout de même un peu de méfiance. « Certains ressentaient de la jalousie au début, mais ils m’ont acceptée », explique Sueva d’un air satisfait. Sa maman, Sonia, est fière d’elle, parce que l’intégration n’était pas facile : « Les garçons du quartier ont souvent du mal à imaginer une fille jouer au foot. Mais Sueva a fait une frappe, deux frappes, puis un but… Et maintenant elle est capitaine ! »
Ses petits coéquipiers sont unanimes : leur joueuse a montré par son talent qu’elle avait sa place dans l’équipe. Pour Anssari, elle joue « mieux que certains garçons ». Yanis, lui, admire ses qualités de jeu : « Sueva, elle sait faire des passes, elle contrôle bien son ballon et elle a une bonne possession de balle. » Shemsedine résume : « Elle a montré qu’elle avait le niveau, c’est une bonne capitaine. » Le groupe a déjà affronté les joueurs de leur âge représentant de grandes équipes, comme l’Atlético de Madrid ou Arsenal. Le meilleur souvenir de la petite footballeuse ? « Quand on a gagné 4-1 contre le Barça ! »
Une guerrière qui ne lâche rien
Sueva est devenue indispensable à l’équipe. Pour son coach, Jordan, c’est une « guerrière qui ne lâche rien », une « leadeuse ». « Grâce à elle, les garçons mûrissent beaucoup plus vite. Et dans le jeu, elle a de très bonnes qualités techniques : elle peut faire 1 000 jongles alors que les garçons n’arrivent que jusqu’à 300. »
L’année prochaine, Sueva rejoindra les filles du TFC, puisque c’est dans une équipe féminine qu’elle devra évoluer plus tard. Mais pour progresser toujours plus, elle continuera à jouer une fois par semaine avec les garçons de l’US Bagatelle. Elle n’est encore qu’en 6e mais elle sait qu’elle veut devenir joueuse professionnelle. « Depuis toute petite, mon rêve c’est d’aller à l’Olympique lyonnais et – pourquoi pas ? – être dans l’équipe de France. Je veux aller le plus haut possible. » En attendant, elle espère bien donner l’exemple pour motiver plein de filles à essayer le foot.
Retrouve d’autres photos de l’entraînement de l’équipe de Sueva :
Perrine Debacker
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