Après 15 km de course, deux biathlètes sont au coude à coude, à quelques mètres de la ligne d’arrivée. Épuisés, dans la nuit noire, ils sprintent dans un dernier souffle. Le Français Martin Fourcade lance sa jambe vers la ligne d’arrivée. Pour 14 cm, son pied la franchit le premier et l’athlète français décroche la quatrième médaille d’or olympique sa carrière : quel exploit !
« Martin, il n’est pas fait comme les autres, explique Stéphane Bouthiaux, le directeur de l’équipe de France de biathlon, ancien biathlète lui-même. Il est né avec des qualités physiques supérieures à la moyenne. Ainsi, son cœur ultrapuissant lui permet de faire les mêmes efforts que les autres, mais en étant beaucoup moins fatigué. Il lui permet aussi de se reposer moins longtemps, d’enchaîner les courses en ayant toujours la pêche. En même temps, il ne se repose pas sur ce don. Sans doute, aussi, travaille-t-il souvent plus que les autres…»
Viser l’excellence !
Au-delà de ses qualités physiques naturelles, Martin Fourcade (29 ans) est donc un grand travailleur, lucide et « sage ». « Quand je rate un tir ou une course, je ne dois pas me trouver des excuses. À PyeongChang, lors de ma première course sur 10 km, mon tir a été mauvais (8e). Sur ma troisième course, sur 20 km, j’ai aussi été mauvais (5e). Je ne dois pas accuser le vent, la neige, mes skis, la fatigue après avoir porté le drapeau à la cérémonie d’ouverture, ou rejeter la faute sur un autre… Il me faut faire face à mes erreurs, puis les admettre, avant de les corriger. Quand on vise l’excellence dans une compétition, comme l’or aux Jeux, il faut être excellent dans l’analyse du pourquoi et du comment de ses bêtises… »
À PyeongChang, sur quatre courses, Martin Fourcade en a gagné deux. Avec sa victoire de dimanche, il est devenu le Français ayant gagné le plus de médailles en or de toute l’histoire des Jeux d’hiver, donc une “légende”. « Pour l’instant, je réalise difficilement parce que je suis encore très perturbé par mes deux courses ratées, par des nuits compliquées à chercher les raisons. Dans mes deux dernières courses, en relais (aujourd’hui et vendredi), j’aimerais encore gagner une médaille, notamment vendredi avec mon frère aîné, Simon… »
À PyeongChang, ce chasseur de victoires (10 titres de champion du monde !) participe à ses troisièmes Jeux. Ses derniers ? À cette question, l’athlète qui tire plus vite que son ombre n’a encore dégainé aucune réponse !
En direct de PyeongChang, Sophie Greuil
Bravo continue comme ça