1jour1actu : Que se passe-t-il au Yémen ?
Véronique de Viguerie : À cause de la guerre, le pays est partagé en deux. Le Yémen du Nord se retrouve piégé entre le Sud, où se trouve le gouvernement officiel, et l’Arabie Saoudite, alliée du Sud, qui bombarde le Nord.
Comment avez-vous pu vous rendre là-bas ?
Véronique de Viguerie : Ça n’a pas été facile, car le pays est méfiant vis-à-vis des étrangers, et surtout des journalistes. Mais j’ai finalement eu l’autorisation de prendre l’avion pour Aden, la capitale du Yémen du Sud. De là, j’ai cherché à rejoindre Sanaa, au nord. C’est un trajet qui prend environ 12 heures en voiture, sur une route très contrôlée par les militaires, car elle traverse la ligne de front, là où les armées se battent.
Était-ce un avantage d’être une femme ?
Véronique de Viguerie : Oui, car au Yémen les militaires ne parlent pas aux femmes. Avec une autre journaliste, nous avons rejoint le Nord en voyageant clandestinement, cachées sous des burqas. Si on avait découvert qui nous étions, nous aurions sûrement été arrêtées.
Que s’est-il passé ensuite ?
Véronique de Viguerie : Pour pouvoir faire notre travail librement, nous avons été aidées par le gouvernement des enfants et sa Première ministre, Amat.
Un gouvernement des enfants ?
Véronique de Viguerie : Oui ! Au Yémen, à ce moment-là, chaque ministre avait son équivalent nommé parmi les enfants du pays. Il y avait donc un gouvernement des enfants, dirigé par une jeune fille de 17 ans, Amat Allah Assan. Leur mission était de protéger les enfants du pays (le Yémen est un pays très jeune : 4 habitants sur 10 sont des enfants).
Comment les enfants vivent-ils au Yémen ?
Véronique de Viguerie : À cause de la guerre, ils manquent d’eau et de nourriture. De plus, les petites filles sont parfois mariées de force à des hommes adultes, et les garçons peuvent être obligés de se battre comme des soldats. J’ai vu des enfants d’à peine 6 ans porter des armes, ou même conduire une voiture ! Là-bas, c’est comme si les bébés devenaient directement de petits adultes, sans passer par l’enfance.
Que faisaient Amat et son gouvernement des enfants ?
Véronique de Viguerie : Ils défendaient le droit des enfants d’aller à l’école. Par exemple, ils allaient négocier avec les généraux des armées pour obtenir la libération des enfants-soldats. Ils collectaient aussi de l’argent pour soigner les enfants malades ou blessés par la guerre. Ils étaient très écoutés et respectés par l’ensemble des combattants.
Pourquoi vous ont-ils aidée ?
Véronique de Viguerie : Ils trouvaient important qu’on puisse continuer notre reportage. Ils voulaient que notre travail serve à alerter le reste du monde sur ce qui se passe au Yémen.