1jour1actu : Sait-on pourquoi ces journalistes ont été tués ?
Cléa Kahn-Sriber : Non, on ne sait pas. La seule chose que l’on sache, c’est qu’il y a de plus en plus d’insécurité dans le nord du Mali, car des bandes armées font régner la terreur.
1jour1actu : En quoi consistait exactement le métier de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon ?
Cléa Kahn-Sriber : Ghislaine était reporter. Son métier consistait à rencontrer des personnes différentes sur un sujet donné, afin de proposer l’article le plus complet et le plus neutre possible.
Claude Verlon était technicien de radio. Il transmettait par les ondes ou par satellite les enregistrements de Ghislaine jusqu’à Paris.
1jour1actu : Ces deux journalistes ont-ils, selon vous, manqué de prudence ?
Cléa Kahn-Sriber : C’était des journalistes très expérimentés. Ils connaissaient parfaitement l’Afrique. Ghislaine, en particulier, allait toujours au fond des choses. Elle voulait savoir, comprendre, récolter le plus d’informations possible pour être le plus exacte possible. Mais ce n’était pas du tout quelqu’un d’imprudent.
1 jour1actu : Pourquoi envoyer coûte que coûte des journalistes, dans des zones si dangereuses ?
Cléa Kahn-Sriber : Récemment, un homme, au Mali, devait avoir la main coupée suite à la décision du tribunal. Un journaliste a informé la population de cette punition injuste. Cela a fait un scandale et le juge a revu son verdict. Cet exemple montre combien il est important que l’information circule, que le journaliste témoigne. Ne plus aller sur place, c’est laisser le champ libre à tous ceux qui sèment la terreur et qui ne veulent pas de témoin.
1jour1actu : Que vous inspire le meurtre de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon ?
Cléa Kahn-Sriber : Il m’inspire beaucoup de tristesse et aussi d’inquiétude, en particulier pour la population qui subit cette violence au quotidien.
Cet assassinat montre aussi que le métier de journalistes est parfois très dangereux : la liberté d’informer est assez banale en France, mais elle l’est beaucoup moins dans de nombreux endroits du monde. Raison de plus pour continuer d’aller enquêter en Afrique et ailleurs.
(*) Le Mali connaît une situation très chaotique, parce que des groupes armés terroristes font régner la terreur au nord du pays. Depuis janvier 2013, les soldats français sont sur place pour venir en aide à l’État malien. Cela a permis à la région de retrouver un peu de paix, mais c’est un répit fragile comme le prouve l’assassinat des deux journalistes français.