1jour1actu : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un « matelot activiste » ?
Francesco Pisanu : Notre mission à bord des bateaux de Greenpeace est de lutter contre les menaces écologiques. En mer, nous bloquons des bateaux qui, selon nous, mettent l’environnement en danger. On peut aussi bloquer des ports ou poser des banderoles sur des sites menacés. Notre but est d’alerter les journalistes, les hommes politiques et les citoyens sur ces problèmes.
1jour1actu : Est-ce qu’être activiste, c’est vivre dangereusement ?
Francesco Pisanu : Nous limitons les risques par des méthodes non-violentes. Nous ne mettons personne en danger. Nous respectons les policiers et nous ne dégradons pas le matériel.
1jour1actu : Avec le reste de l’équipage, vous avez été faits prisonniers en Russie en 2013. Que s’est-il passé ?
Francesco Pisanu : En Arctique, l’État russe a créé une première plate-forme de forage. Or, nous pensons qu’il y a assez de pétrole pour satisfaire nos besoins actuels. En plus, ces forages pourraient entraîner des pollutions dramatiques pour les habitants. Nous voulions donc poser une banderole « Save the Arctic » (“Sauvez l’Arctique”) sur cette plats-forme. Mais les militaires russes nous ont violemment arrêtés en confisquant notre matériel ainsi que notre bateau. Ils nous ont tous fait prisonniers. Nous étions une trentaine. J’étais le seul Français. Nous sommes restés 2 mois en prison.
1jour1actu : Quelles étaient les conditions de vie en prison ?
Francesco Pisanu : C’était dur. Nous risquions 15 ans d’enfermement. On nous accusait de « piraterie », alors que nous n’avions utilisé aucune violence. Mais je me suis interdit d’avoir peur. J’avais un emploi du temps et des règles d’hygiène strictes : je faisais le ménage, je lisais, je faisais du sport…
1jour1actu : À quand remonte votre engagement ?
Francesco Pisanu : Enfant, l’été, j’allais chez mon père en Sardaigne, une île italienne, où je voyais le littoral changer, les animaux disparaître. Je m’intéressais aux océans et, déjà, aux actions de Greenpeace. Mais comme je n’étais pas bon élève, je pensais que ça resterait un rêve.
J’ai fait d’autres métiers avant de m’engager. À Greenpeace, j’ai commencé en faisant signer des pétitions. Puis j’ai passé mon diplôme en marine marchande et j’ai pu partir en mission sur les mers du monde entier.
1jour1actu : Quels conseils donneriez-vous aux enfants qui veulent agir pour cette cause ?
Francesco Pisanu : Il y a plein de façons de s’engager. On peut commencer par faire attention à sa manière de consommer : par exemple, trier ses déchets, éteindre les lumières, faire attention à l’eau, à ce qu’on achète… S’engager pour l’environnement, c’est penser aux générations futures.