« Brasil ! Brasil ! Brasil ! », crient les spectateurs brésiliens. Il est 1 h 30, une forte pluie douche la finale de beach-volley. Mais les bravos redoublent. Le jaune des drapeaux et des tee-shirts des Brésiliens flotte comme un soleil dans la nuit noire. « Brasil ! Brasil ! » À bout de souffle, Bruno Schmidt et son coéquipier Alison gagnent l’or. Les tribunes vibrent de joie. Alors, comme le veut la tradition quand un Brésilien gagne une médaille d’or, les Cariocas (nom des habitants de Rio) transforment leur célèbre plage de Copacabana en piste de danse. De la samba à gogo, du soir au matin… et du matin au soir !
Trois jours plus tard, les deux champions de beach-volley continuent d’être continuellement arrêtés pour une photo, un autographe ou une poignée d’« obrigado » (le mot portugais pour dire merci). « Habituellement, cette ferveur s’exprime pour le football, une véritable religion chez nous, au Brésil, note Bruno Schmidt. Là, elle s’exprimait dès qu’un Brésilien, quel que soit son sport, certains très méconnus chez nous, comme le canoë ou l’escrime, concourait. Elle nous a portés vers le succès. »
« Notre priorité était de construire des hôpitaux, des écoles »
À Rio, 12 millions de Cariocas luttent contre le chômage et la misère. Les riches y vivent barricadés dans des quartiers surveillés par des vigiles. Et les pauvres y survivent, entassés dans les 900 favelas étagées sur le flanc des collines. Pendant les Jeux, l’armée les a tenus loin de la fête. La judoka Rafaela Silva a grandi dans l’une de ces favelas. Aujourd’hui, la championne olympique prie « pour que ces Jeux apportent suffisamment d’argent et d’entrain pour nous redonner un petit coup de pouce économique et nous remonter le moral… »
Même s’ils n’avaient pas le cœur à la fête, les Cariocas ont accueilli les 10 500 athlètes et les 10 000 journalistes venus de 206 pays à bras ouverts. Après leur départ et ceux des 400 000 touristes venus pour l’occasion, tous s’interrogent : « Certes, les transports ont bien été améliorés. Mais notre priorité était de construire des hôpitaux, des écoles, des toits pour les plus démunis. Pas des gymnases, des piscines ou une piste BMX… »
La samba continuera à bercer son quotidien et les parties de volley ses belles plages de Copacabana ou d’Ipanema, mais comment la Cité merveilleuse (surnom de Rio) réagira-t-elle suite à ses JO, personne ne le sait.
Sophie Greuil