Les invités :

Abdessalem Souiki

Abdessalem Souiki est imam à Marseille et à Aix-en-Provence. (DR)


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Papa Thiam est interprète pour l’imam de la mosquée château de Tabar, à Toulouse. (DR)

1jour1actu : En tant que musulman et/ou imam, quel regard portez-vous sur les attentats de Charlie hebdo ?

Abdessalem Souiki : Comme tout un chacun, je suis ému et blessé.
Papa Thiam : Bien sûr, je condamne ces événements, comme tous les musulmans.
 

1jour1actu : Et que pensez-vous des caricatures de Mahomet ?

A. S. : Je pense qu’il faut rester respectueux des lois du pays dans lequel on vit. Charlie hebdo caricaturait tous les prophètes. D’ailleurs, je trouve celles sur Marie et Jésus très dures, peut-être plus que celles sur Mahomet.
P. T. : Tout musulman a le devoir de défendre sa religion. En tant que musulman, si on attaque le prophète, cela me fait mal. On peut avoir de l’humour, mais sans se moquer : le prophète lui-même usait d’humour pour mettre ses compagnons à l’aise.
 

1jour1actu : Selon vous, quel est le but de ces attentats ?

A. S. : Je ne pense pas qu’il y ait vraiment eu un but. Avoir un but suppose une réflexion. Là, je pense qu’il n’y en avait aucune.
P. T. : Il faut d’abord s’interroger sur la personnalité de ces terroristes… des personnes incapables de répondre autrement que par la violence. Elles ne sont pas assez instruites pour cela. Les terroristes avaient peut-être aussi des intérêts personnels, un désir de gloire. C’est une autre façon de réussir pour ces jeunes en rupture avec la société.
 

1jour1actu : D’après vous, pourquoi certains jeunes sont-ils attirés par un islamisme radical ?

A. S. : Parce que ces jeunes n’ont pas le choix. Ils sont pris dans une logique d’échec, de haine et de ressentiment. Ils ne sont pas assez éduqués pour faire les bons choix.
P. T. : Le problème part aussi des mosquées. Certains imams ne sont pas assez instruits, leur parole n’est pas assez claire pour les jeunes. Et puis, il y a les parents qui manquent d’autorité, et les réseaux sociaux qui sont utilisés pour recruter des jeunes, et qui véhiculent des messages de haine.
 

1jour1actu : Pourquoi la religion musulmane est-elle utilisée par certains à des fins si violentes ?

A. S. : Dans certains pays musulmans, les dirigeants font en sorte que les gens ne soient préoccupés que par les aspects superficiels de la religion, les vêtements qu’il faut porter, la position dans laquelle il faut prier… Le peuple finit par croire que tous ceux qui ne respectent pas ces aspects sont dans le péché. La haine envers l’autre se développe.
P. T. : Il y a un problème d’interprétation des textes. Les textes ne peuvent être bien interprétés que par des savants. Certains passages du Coran sont vraiment difficiles à comprendre. Il est donc facile de faire dire aux textes ce que l’on veut…
 

1jour1actu : Que pensez-vous faire concrètement pour que de tels événements ne se reproduisent pas ?

A. S. : Je vais être plus dynamique dans mes prêches. Je vais reprendre le vocabulaire du Coran, et lui redonner son vrai sens. Par exemple, « faire le djihad », ce n’est pas faire la guerre, cela veut dire faire des efforts pour être un meilleur musulman.
P. T. : À la mosquée, nous allons plus nous occuper des enfants en leur enseignant le vrai sens de l’islam… la paix, le respect et la bienveillance.