1jour1actu : Comment l’idée de la marche est-elle née en 1983 ?
Naïma Yahi : De grosses tensions commencent à naître entre jeunes des cités et policiers. Douze adolescents décident alors de marcher de ville en ville pour dire qu’ils ne sont pas des voyous. Qu’ils sont des Français comme les autres. Ils marchent tous les jours, discutent avec les gens…
1jour1actu : Et un événement fait soudain parler d’eux…
Naïma Yahi : Pendant que se déroule la marche, un jeune Algérien est jeté d’un train. Ce meurtre provoque une grosse émotion en France et rappelle à quel point le racisme est violent à l’époque. On n’hésite pas à tuer quelqu’un parce qu’il est maghrébin. Les parents arabes ont peur quand leur enfant ne rentre pas à l’heure à la maison.
1jour1actu : Pourquoi le racisme se développe-t-il ainsi au début des années 1980 ?
Naïma Yahi : À cause du chômage qui devient important. Dès que le travail se fait rare, on s’en prend à celui qui est différent. C’est toujours comme ça.
1jour1actu : À quoi cette marche a-t-elle vraiment servi ?
Naïma Yahi : Elle a permis aux jeunes des cités de dire qu’ils étaient Français même s’ils n’étaient pas blancs de peau, qu’ils existaient qu’il fallait les accepter. Jamais, avant ça, des jeunes comme Smaïn ou Jamel Debbouze n’auraient pu devenir des célébrités.
1jour1actu : Pourtant, les jeunes des cités souffrent toujours d’un sentiment d’inégalité…
Naïma Yahi : Ils habitent souvent dans des cités d’où il est difficile de se rendre en ville car il n’y a pas de métro ou de train. Il n’y a pas de cinéma, de théâtre dans leur quartier. Rien autour d’eux ne les fait rêver. Et puis, surtout, ils souffrent du chomâge, plus encore que le reste de la population.
1jour1actu : Au final, le racisme est toujours là…
Naïma Yahi : Le racisme est certes moins violent, mais il est toujours très présent. Pourtant, la devise de la France parle d’égalité et de fraternité…