1jour1actu : Lisiez-vous Astérix quand vous aviez 10 ans ?

Alexandre Astier : Bien sûr ! Je me souviens que, chez ma grand-mère, je dévorais les albums qui avaient appartenu à mon père. Les parents aiment transmettre à leurs enfants ce qui les a marqués étant jeunes. Voilà qui explique pourquoi Astérix, né il y a déjà 55 ans, continue d’exister. Pour moi, l’adapter au cinéma, c’est comme concrétiser un rêve de gosse.

Pourquoi Le Domaine des dieux, plutôt qu’un autre album ?

A. Astier : Les producteurs et Albert Uderzo (le créateur d’Astérix, avec René Goscinny) m’ont d’abord proposé de faire Astérix en Hispanie. L’album parle des frontières ou de la mauvaise cuisine espagnole, des thèmes démodés. Le Domaine des dieux me semblait plus actuel dans ce qu’il raconte sur notre rapport à l’argent ou sur la société de consommation. Nos Gaulois sont attirés par le luxe que leur promettent les Romains. Ils vont perdre la boule, se disputer, se désunir. Voilà un sujet universel !

Vous abordez aussi le thème de l’écologie…

A. Astier : En construisant des logements tout confort au cœur de la forêt, les Romains la dénaturent. Ce thème était moins présent dans la BD, je l’ai développé, car il résonne de manière très forte aujourd’hui. J’aime glisser une morale ou un message dans une histoire. C’est mon côté « Jean de La Fontaine » !

Vous étiez deux réalisateurs : comment avez-vous réparti vos tâches ?

A. Astier : Louis Clichy a travaillé pour les studios américains Pixar (Rebelle, Toy Story…). Il a supervisé l’animation et la 3D relief. Il s’est appliqué à retrouver les rondeurs des personnages, dont les proportions sont peu réalistes et très bizarres. De mon côté, je m’occupais de la place de la caméra, de l’histoire, des dialogues.

Savoureux les dialogues, d’ailleurs !

A. Astier : La richesse de cette bande dessinée vient aussi de sa langue, extrêmement travaillée. Les dialogues ne donnent pas seulement une information, ils sonnent joliment à l’oreille. J’ai essayé de leur donner une « petite musique ». Utiliser des mots modernes assez moches, comme « pénibilité », à une époque où ils n’existaient pas, peut aussi créer un décalage amusant. Résultat, on parle beaucoup plus dans un Astérix que dans un film d’animation classique.

Le casting des voix est impressionnant !

A. Astier : Je n’arrive pas à écrire des répliques sans savoir qui va les jouer. Et j’ai de la chance, Alain Chabat, Élie Semoun, Florence Foresti et plein d’autres stars m’ont accordé leur confiance.
 
Découvre la bande-annonce d’Astérix – Le Domaine des dieux, en cliquant sur la vidéo :