Antoine Fromental . (© Jean-Philippe Rouxel)

1jour1actu : En quoi sont-elles spéciales, les deux classes que vous avez suivies ?

Antoine Fromental : La première propose une option théâtre. Trois heures par semaine, les élèves travaillent sur différentes pièces et préparent un spectacle pour la fin d’année. La seconde propose une option rugby. Les élèves s’entraînent aussi trois heures par semaine et disputent des matchs contre d’autres collèges. Le film se concentre sur leur dernière année, l’année de 3e, mais les enfants y entrent dès la 6e.

Qui en est à l’origine ?

Antoine Fromental : Le film a été tourné à Clichy, en banlieue parisienne, dans un établissement réputé difficile. Son proviseur de l’époque, Christian Comès, encourageait les profs à lui proposer des idées originales. C’est ainsi que sont nées ces deux classes, et quelques autres…

Quelques autres, c’est-à-dire ?

Antoine Fromental : Une classe sans notes, par exemple, pour que les élèves en difficulté se sentent libérés, moins angoissés. Moi-même, gamin, j’étais en guerre contre l’école. On me répétait que j’étais nul, fainéant, et que j’allais rater ma vie. Or je n’étais pas idiot, mais la manière d’enseigner ne me convenait pas. Christian Comès, le proviseur, insiste : il faut montrer aux enfants que l’on s’intéresse à eux, que l’éducation s’adapte à leurs besoins. C’est de cette manière qu’ils trouveront leur place et s’épanouiront.

Documentaire À nous de jouer

Christian Comès est l’ancien proviseur du collège du documentaire. (©Jour2fête)

Qu’ont appris les élèves des classes rugby et théâtre ?

Antoine Fromental : Le rugby apprend la solidarité, à aider l’autre autant qu’à compter sur lui. Les entraînements sont durs, laborieux, ils obligent à se discipliner. L’équipe devait se donner à fond en vue des compétitions. Les élèves du théâtre, eux, ont appris à s’exprimer en public. Ils ont aussi découvert qu’une pièce permettait de mieux comprendre notre monde. Ce sont eux qui ont choisi Roméo et Juliette, de Shakespeare, où deux familles se haïssent. Avec cette histoire, ils ont pu parler de sujets très actuels : la différence de culture, de religion…

On les voit aussi débattre suite aux attentats de Charlie Hebdo…

Antoine Fromental : Pour certains, la liberté de s’exprimer est sacrée ; pour d’autres, c’est la religion qui est sacrée. Ils se disputent parfois, ils ne partagent pas toujours la même opinion, mais ils ont cette envie commune : réussir à vivre ensemble, en paix.
 

Propos recueillis par Laurent Djian

Retrouve ci-dessous la bande-annonce du documentaire À nous de jouer, dans les salles aujourd’hui.