Ce qui s’est passé
Le 2 février, Théo, un jeune homme de 22 ans, a subi des violences de la part de policiers, lors d’un contrôle d’identité près de son lieu d’habitation, à Aulnay-sous-Bois, dans la banlieue de Paris. Concrètement, les policiers demandaient à Théo de leur montrer ses papiers d’identité. Or cette interpellation, un acte parfaitement légal, s’est mal passée. Quatre policiers ont fait un usage abusif de leur force, au point de causer de graves blessures à Théo, qui a dû être hospitalisé.
Aujourd’hui, Théo va mieux. Il est sorti de l’hôpital. Mais l’affaire n’est pas terminée. Une enquête menée par la justice va déterminer la responsabilité exacte des 4 policiers dans cette agression.
Pour en savoir plus sur cette affaire, écoute les questions que les p’tits journalistes de franceinfo junior ont posées au professeur de science politique, spécialiste de la police, Jacques de Maillard. Attention, les faits relatés peuvent te choquer. C’est pourquoi nous te conseillons de prendre connaissance de cette interview en présence d’un adulte, qui t’accompagnera dans ton écoute.
Les questions des p’tits journalistes de franceinfo junior
Mais c’est quoi d’abord, une banlieue ?
Il y a très longtemps, une banlieue était un territoire situé à une lieue (*) d’un centre où habitait un « ban », c’est-à-dire un représentant de l’autorité.
Aujourd’hui, une banlieue, c’est un espace de maisons ou d’usines, qui s’étend plus ou moins loin d’un centre-ville. Certaines banlieues sont très pauvres et elles sont devenues un lieu d’affrontement quotidien entre la police et les jeunes qui y vivent.
(*) Une lieue était une unité de distance, correspondant environ à 3,5 km.
Depuis quand ça existe ?
On reconnaît ces banlieues pauvres à leurs cités, ces grands ensembles d’immeubles qui ressemblent à des barres. Elles ont été construites après la guerre, à partir des années 50. À cette époque, l’industrie française était très dynamique. Il fallait donc des milliers d’ouvriers pour fabriquer des voitures, des médicaments, des boîtes de conserve… Pour loger toutes ces personnes, souvent venues de la campagne, l’État a rendu possible la construction de centaines de milliers de logements… avec salle de bains et W.-C. dans chaque appartement : le luxe, à l’époque !
Puis, peu à peu, beaucoup d’habitants ont pu s’acheter une maison et sont partis. Les immigrés, qui étaient venus en nombre d’Algérie, du Maroc ou d’Afrique noire, pour travailler eux aussi comme ouvriers dans les usines, sont restés dans les cités avec leur famille. Très vite, ils sont devenus majoritaires. Et quand beaucoup d’usines ont fermé en France, dans les années 80, ils ont été les premiers touchés par le chômage.
Et aujourd’hui ?
Les banlieues concentrent de nombreux problèmes : le chômage y est beaucoup plus élevé qu’ailleurs en France, les jeunes vont moins longtemps à l’école, etc. Et les cités sont peuplées d’un nombre important de personnes pauvres, souvent d’origine étrangère, qui vivent à l’écart des activités du centre ville. Or l’addition de tous ces problèmes favorise la montée de la violence. Cela a été prouvé.
L’État a mené des actions, mais qui n’ont pas suffi à apaiser les tensions. Au contraire, les affrontements entre jeunes de banlieue et policiers sont de plus en plus violents, comme le montre l’affaire Théo ou encore l’attaque, l’an passé à Viry-Châtillon, d’une voiture de police par des jeunes de banlieue alors que les agents étaient à l’intérieur.
Quelle solution ?
Aucun candidat à l’élection présidentielle ne propose un projet sérieux pour sortir les banlieues difficiles de la situation où elles se trouvent. Il faut croire que le problème est trop complexe. La seule proposition concrète concerne la mise en place d’une police de proximité : des policiers qui se déplacent à pied, parlent avec les habitants et favorisent le « bien vivre ensemble ». Ce qui a manqué lors de l’agression d’Aulnay-sous-Bois.