« La France est beaucoup moins exposée aux séismes que l’Italie »

Dans la nuit du 23 au 24 août, un puissant tremblement de terre a causé la mort d’au moins 247 personnes, dans le centre de l’Italie. 1jour1actu a interviewé Matthieu Sylvander, sismologue, qui observe et étudie les séismes.

Publié le 25 août 2016 à 12:39 Cet article a plus d'1 an !
Modifié le 26 octobre 2021 à 17:39

Dans le village d'Amatrice, le tremblement de terre du 24 août a détruit une grande partie de la ville, composée d'anciennes habitations. © Romano/ NurPhoto/ AFP

Matthieu Sylvander est sismologue. Il co-dirige le Réseau de Surveillance Sismique des Pyrénées (RSSP).

1jour1actu : Pourquoi ce tremblement de terre a-t-il eu lieu en Italie ?

Matthieu Sylvander : Ce n’est pas la première fois que ce pays, voisin de la France, est touché par un séisme. Au niveau de l’Italie, la plaque africaine et celle de l’Eurasie se rapprochent. Cela se produit très lentement, sur des millions d’années. Si la Terre était un ballon de football, ce serait comme si les parties cousues entre elles à sa surface bougeaient les unes par rapport aux autres. Et cela provoque des tremblements de terre.

Est-ce qu’il peut y avoir des séismes en France, aussi, dans les prochains jours ?

Matthieu Sylvander : S’il y en a, ce sera un pur hasard. Ce n’est pas parce qu’il y a eu un séisme en Italie que cela va se produire aussi en France. Notre pays est beaucoup moins exposé aux tremblements de terre que l’Italie. Sauf la Martinique et la Guadeloupe, dans les Antilles, qui se trouvent aussi sur une zone où une plaque est en train de passer en dessous de l’autre.

Quelles sont les zones les plus à risque, en France ?

Matthieu Sylvander : Pour la France métropolitaine, les régions de montagne, comme certaines parties des Pyrénées et des Alpes. Mais aussi une partie de la Provence et le sud de l’Alsace. Le dernier tremblement de terre très meurtrier date d’il y a plus de 100 ans. C’était en 1909, en Provence, 46 personnes sont mortes.

Pouvait-on prévoir le tremblement de terre en Italie ?

Matthieu Sylvander : Non. Il est impossible de dire si un tremblement de terre va arriver. Par exemple, dans les Pyrénées, que j’étudie avec mon équipe, on enregistre deux à trois secousses chaque jour. Après un gros tremblement de terre, on se rend compte que certaines petites secousses enregistrées pouvaient l’annoncer. Mais, sur le moment, il est difficile de le comprendre. Et on ne peut pas évacuer les habitants à chaque secousse !

Alors, on ne peut rien faire, pour les éviter ?

Matthieu Sylvander : On ne peut pas prévoir un tremblement de terre précis, mais on connaît les régions les plus exposées. Avec des instruments qui enregistrent les mouvements de la Terre, on réalise des cartes des zones à risque. La région de l’Italie qui a été touchée en est une. Malheureusement, les maisons étaient anciennes et n’étaient pas adaptées aux séismes. C’est pourquoi elles ont été détruites. Aujourd’hui, dans les zones à risque, les maisons doivent être construites avec des matériaux qui peuvent se déformer au moment d’une secousse, un peu comme une gomme.

Clique sur la vidéo pour mieux comprendre comment se forment les tremblements de terre :

Pourquoi y a-t-il des tremblements de terre ? from Milan Presse – Editions Milan on Vimeo.