Le travail de Didier Billion est d’étudier les relations entre les pays du monde. Il est spécialiste du Moyen-Orient et de la Turquie. Il a publié beaucoup de livres sur ce territoire et discute souvent avec des habitants turcs.

Le séisme qui a eu lieu en Turquie et en Syrie a fait de nombreux morts. En quoi est-il un événement exceptionnel ?

Didier Billon : La Turquie est habituée aux séismes, mais pas aussi forts. Suite à cette terrible catastrophe, environ 50 000 personnes sont mortes, c’est l’équivalent du nombre d’habitants d’une ville moyenne comme Bayonne, par exemple.

Les enfants ont-ils été touchés par le drame ?

D. B. : Beaucoup d’écoles ont été détruites. Certains enfants restés sur place continuent à avoir classe. Mais ça se passe dans des conditions difficiles, souvent en extérieur… Le gouvernement a donc annoncé l’ouverture de 500 écoles préfabriquées. Et près de 200 000 enfants ont finalement trouvé une nouvelle école dans d’autres régions du pays.

Combien de temps prendra la reconstruction du pays ?

D. B. : Il faudra au moins dix ans pour tout reconstruire et l’aide d’autres pays pour trouver l’argent nécessaire. Car construire des bâtiments qui résistent mieux aux séismes coûte très cher : plus de 100 milliards d’euros !

Les habitants de ce bâtiment de la ville d’Antioche ont dû déménager le 5 avril 2023. Deux mois après le séisme, l’immeuble risquait de s’effondrer. (© O. Kose / AFP)

Quel est le sentiment des habitants deux mois après ce drame ?

D. B. : De nombreuses familles turques sont traumatisées. D’ailleurs, les habitants ont une application sur leur téléphone pour suivre en direct les activités des sols. Ils ont peur de revivre un séisme aussi fort.

Est-ce que le séisme va avoir une influence sur la prochaine élection présidentielle en Turquie ?

D. B. : Le 14 mai 2023, les Turcs vont voter pour élire leur président. Le séisme est au cœur de tous les débats. L’actuel président, Recep Tayyip Erdoğan, dit qu’il a bien géré la situation, l’autre candidat le critique. Pour l’instant, les sondages donnent le candidat de l’opposition gagnant. Erdoğan, qui dirige le pays depuis plus de vingt ans, n’est donc pas sûr d’être réélu.

Anaïs Auzanneau

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