Naître sans main gauche n’a jamais fait reculer ou renoncer Damien : bien au contraire ! Toujours prêt à embarquer sur une coquille de noix ou un bateau fusant comme un obus, ce Nantais de 41 ans relève un défi suprême : le Vendée Globe, course de tous les dangers sur trois océans et trois mois de solitude.

Une grande capacité d’adaptation

« Sans main gauche, je ne me suis jamais senti handicapé. Comme j’ai toujours vécu sans, ça ne me manque pas. M’adapter est mon quotidien ! Très tôt, j’ai su faire mes lacets avec une main, m’habiller seul puis faire du vélo, conduire et maintenant trouver des petites adaptations pour tout. Sur mon bateau, il y en a plein. Parfois, les autres marins valides viennent même me chiper des idées », s’amuse le marin, double champion paralympique de voile (2004 et 2016).
 

Avant de prendre le départ du Vendée Globe, Damien Seguin s’est entraîné de longs mois sur son bateau. (© Jean-Marie Liot)

Faire tous les métiers du monde

D’année en année, ce mordu de voile s’est hissé sur des bateaux de plus en plus gros  : « Là, je suis sur un bateau bien grand pour un seul homme ! ».
Ce papa de deux enfants n’a pas froid aux yeux : « Seul à bord, je me débrouille pour faire tous les métiers de la terre : météorologue pour trouver les bons vents, médecin pour me soigner, maître-voilier pour réparer une voile déchirée, cuisinier sur un seul réchaud, informaticien pour tout gérer à bord,  journaliste pour tourner des vidéos racontant mon périple. Le tout en dormant par tranches de 20 minutes à 2 heures, pour ne pas laisser le bateau naviguer seul avec le pilote automatique. Oui, c’est sportif ! ».

Des lunettes pour remonter le moral

Après avoir longtemps vécu en Guadeloupe (Antilles), ce marin raffole du soleil : « Entre le cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) et le fameux cap Horn (Chili), l’océan Indien est très inhospitalier, froid, aux journées courtes : le soleil y est rare. Sa lumière va donc me manquer. Alors, pendant trois semaines, je porterai des lunettes spéciales. Équipées d’un léger faisceau de lumière blanche, elles seront mon soleil artificiel, mon remonte-moral pour être de bonne humeur, moins fatigué et pied au plancher… »

 Sophie Greuil