En Normandie, au tout début des années 1800. Sophie vit dans un immense château. Elle a 5 ans, des cheveux bouclés, une bouille adorable, et pourtant, qu’est-ce qu’elle fait comme bêtises ! Elle vole les affaires de sa maman ; elle capture un écureuil ; elle martyrise sa poupée ; elle découpe des poissons rouges ; elle prépare du faux thé avec de l’eau dégoûtante pour la donner à boire à ses cousins… C’est bien simple, elle ne s’arrête jamais. Sa mère ne sait plus quoi faire, les lourdes punitions qu’elle lui inflige ne suffisent pas. Un jour, Sophie prend le bateau en direction de l’Amérique avec sa famille. Elle ne revient dans son château qu’un an plus tard. Hélas, ses parents sont morts, c’est désormais sa belle-mère, la sévère et cruelle madame Fichini, qui s’occupe d’elle.
Notre avis
Pourquoi, diable, Sophie passe-t-elle son temps à faire des bêtises, à détruire tout ce qu’elle touche ? A-t-elle un fond méchant ? Est-ce par pur caprice, ou pour faire souffrir les autres ? Non, c’est bien plus compliqué, et c’est en cela que le film est intéressant. Le réalisateur des Malheurs de Sophie, ne donne pas réellement d’explications aux actes de la petite fille, mais il lance quelques pistes. Peut-être Sophie se sent-elle triste de ne quasiment jamais voir son père, toujours en voyage pour ses affaires ? Peut-être a-t-elle l’impression que sa maman, souvent très fatiguée, ne l’aime pas ? Peut-être enfin Sophie ose-t-elle faire ce que les autres petites filles n’osent pas faire et qu’elle a besoin d’explorer, d’expérimenter, de braver les interdits pour mieux comprendre qui elle est ?
Quoi qu’il en soit Sophie se révèle très touchante. La petite Caroline Grant, qui l’incarne, est elle-même incroyable. On sent qu’elle s’amuse à courir en robe de princesse dans cet immense jardin, ou à comploter avec son cousin Paul. Une mélancolie et une certaine cruauté traversent cette histoire, même si au final il s’en dégage un élan joyeux. Le rythme peut sembler un peu lent, mais le film, assez poétique, donne envie de (re) lire les deux romans de la comtesse de Ségur dont il est adapté : Les Malheurs de Sophie et Les Petites Filles modèles. Deux classiques de la littérature pour enfant, parus en 1858.
Laurent Djian
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