« Nous allons aborder des questions morales et civiques. La morale, c’est la capacité à faire la différence entre le bien et le mal », explique Samuel Hedde, professeur d’histoire-géo. Ce matin, ses élèves de 5e suivent leur premier cours d’EMC. Suivre ? Plutôt construire ! En EMC, la participation des élèves est essentielle. C’est toute la différence avec son ancêtre l’éducation civique. « Nous allons faire des débats, des jeux de rôle, et aujourd’hui ce sera un dilemme moral. Nous allons travailler sur les préjugés. »
L’enseignant distribue aux élèves un texte : « Un soir, (…) tu es perdu. Tu arrives sur une place où se trouve un SDF qui dort sur un banc, une bande de jeunes bruyants, un homme d’origine africaine accompagné d’une femme aveugle. À la sortie d’une supérette, il y a une femme roumaine qui tient un bébé dans ses bras. À qui demandes-tu ton chemin ? Qui évites-tu à tout prix ? » « C’est dur ! », lance un élève. L’enseignant rassure : « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Le but n’est pas de vous dire à qui vous devez demander votre chemin. L’intérêt est de comprendre d’où viennent nos préjugés ».
Les élèves répondent d’abord seuls, puis débattent, se mettent d’accord sur une réponse pour le groupe avant de la proposer à la classe. Les réactions ne se font pas attendre. « Oh, le préjugé ! », s’exclame une élève, quand son camarade dit éviter le SDF « parce qu’il est ivre ». Peu à peu, chacun réfléchit à ses choix. « Un préjugé, c’est une étiquette », explique un élève. Et le professeur interroge : « Peut-on attribuer à tout un groupe les mêmes qualités ? Les mêmes défauts ? » Au fil du débat, une autre notion apparaît : la discrimination, qui sera approfondie à la séance suivante. Dans le couloir, Younes confie : « Le débat, ça nous donne envie de travailler. » Et Louise de conclure : « On a créé la leçon nous-mêmes. C’est vraiment bien quand on travaille à plusieurs ! »
Sandra Laboucarie