1jour1actu : Rappelez-nous d’abord ce qu’est la télé-réalité…
François Jost : La télé-réalité, c’est une sorte de jeu de rôle filmé. On demande à des candidats d’accomplir certaines épreuves (on dit aussi des « missions ») dans un but précis. Cela donne des émissions très regardées depuis quinze ans, en France.
1jour1actu : Vous expliquez qu’il y a deux types d’émissions de télé-réalité…
François Jost : En effet. Dans la première catégorie, on enferme un candidat dans une pièce et on lui demande de réaliser une performance. Par exemple, tomber amoureux d’une autre personne également enfermée. Dans la seconde, on envoie des candidats à l’aventure dans des coins perdus ou dangereux. C’est cette dernière qui a le plus de succès.
1 jour1actu : Pourquoi ?
François Jost : Les téléspectateurs sont très demandeurs d’émotions fortes dans leurs loisirs. Ils font du canyoning, du saut à l’élastique… Ils veulent se surpasser. Donc, la télé, elle aussi, doit répondre à cette mode et proposer des émissions où les candidats repoussent leurs limites.
1jour1actu : Quitte à prendre trop de risques ?
François Jost : Dans l’accident de lundi, on ne sait pas ce qui s’est passé. Mais si l’enquête révèle qu’un hélico a cogné l’autre parce qu’il voulait filmer au plus près l’hélico qui transportaient les sportifs, alors oui, la télé-réalité sera mise en cause. On l’accusera de vouloir à tout prix des images fortes sans se soucier des risques que cela implique. En tout cas, de façon générale, c’est vrai que la télé-réalité exige des images de plus en plus spectaculaires.
1jour1actu : Ce que l’on demande aux candidats peut aussi paraître aussi très dangereux…
François Jost : Ça, c’est du baratin ! On croit qu’ils sont seuls, mais pas du tout. Il y a toujours une équipe avec eux : le caméraman, le preneur de son, l’éclairagiste… Et ils vont là où on leur dit d’aller, en fonction de la lumière, des beaux paysages, etc. Donc de ce point de vue, les dangers sont très limités ! En plus dans le jeu « Dropped », tous les candidats étaient de grands champions. Rien à voir avec des amateurs inexpérimentés.
1jour1actu : Pensez-vous que la télé-réalité va souffrir de cet événement ?
François Jost : Non, je ne pense pas. Les téléspectateurs vont continuer à réclamer ce genre d’émissions parce que c’est ce qu’ils aiment. Et les chaînes gagnent trop d’argent, grâce à la publicité diffusée avant et après chaque émission, pour changer leur programme…