Jean-Vincent Brisset est un ancien membre des services de renseignement. Il est spécialiste des relations internationales. Pour 1jour1actu, il lève quelques mystères sur les (très secrets) agents de renseignement et sur les techniques de libération d’otages.
1jour1actu : Tout d’abord, pourquoi certaines personnes sont-elles prises en otage ?
Jean-Vincent Brisset : C’est toujours dans l’espoir d’obtenir quelque chose en échange. De l’argent, des armes, des prisonniers…
1jour1actu : Comment fait-on pour obtenir leur libération ?
Jean-Vincent Brisset : Tout dépend des pays. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, ou encore en Russie, on ne pardonne rien, on n’hésite pas à assassiner les ravisseurs. On ne publie même pas la liste des otages. En France, le plus souvent, on paie des rançons. Le problème, c’est qu’on encourage d’autres ravisseurs à faire la même chose.
1jour1actu : Pourtant, on dit que la France ne paie pas de rançon…
Jean-Vincent Brisset : C’est faux, même si les habitudes ont tendance à changer un peu.
1jour1actu : Et combien d’argent verse-t-on en général pour récupérer les otages ?
Jean-Vincent Brisset : C’est complètement secret.
1jour1actu : Qui s’occupe d’« approcher » les preneurs d’otages ?
Jean-Vincent Brisset : Ce sont les membres des services de renseignement. Ils se répartissent grosso modo en quatre groupes : ceux qui font des actions légales (c’est-à-dire autorisées, connues…), ceux qui font des actions illégales, ceux qui recherchent des renseignements et ceux qui conduisent des actions disons… musclées.
1jour1actu : Et les agents secrets, dans tout ça ?
Jean-Vincent Brisset : Ça n’existe pas. C’est une expression de journalistes. Le vrai nom, c’est « agent de renseignement ».
1jour1actu : Est-ce un métier dangereux ?
Jean-Vincent Brisset : Ça peut l’être, oui. J’ai plusieurs camarades qui ont été blessés ou même tués. Quand on mène des actions violentes dans un pays ennemi, on risque gros.
1jour1actu : Doit-on vivre dans le secret ?
Jean-Vincent Brisset : J’ai des copains qui avaient une double identité. L’un d’entre eux est parti à la retraite et m’a dit, tout content : « Enfin, j’ai une carte d’identité avec mon vrai nom ! ».
1jour1actu : Revenons aux otages. Pourquoi, en France, fait-on tout ce qu’il est possible de faire pour les libérer, à la différence d’autres pays qui ne cèdent rien ?
Jean-Vincent Brisset : Je pense que c’est par fierté. Un pays qui a des otages est considéré comme faible. Et puis, c’est par intérêt : chaque fois qu’un otage est libéré, la popularité du gouvernement augmente.
1jour1actu : Alors, pourquoi faut-il attendre si longtemps pour que les otages retrouvent la liberté ?
Jean-Vincent Brisset : Principalement parce que, plus on attend, plus un otage perd de la valeur. La rançon demandée diminue donc. Ça peut paraître choquant, mais c’est comme cela.