1jour1actu : C’est difficile de se lancer dans la compétition, quand on est non-voyant ?

Thomas : Au contraire ! Il y a 11 ans, quand je suis devenu complètement aveugle à l’âge de 20 ans, c’est là que je me suis lancé. Le handicap, c’est un sacré moteur pour la compétition ! On redouble d’énergie. En plus, dans le handisport, on est tous handicapés, donc quelque part, on est tous pareils.

Le jury est-il plus gentil avec les athlètes handicapés ?

Thomas : Alors pas du tout. Les règles sont strictes. En fait, on est des athlètes comme les autres : on s’entraîne comme des fous et, à l’arrivée, il y a des perdants et des gagnants.

Comment ça se passe avec Julien, ton guide ?

Thomas : Il me décrit la piste, me dit quand je dois accélérer, freiner, tourner… Julien est un excellent skieur. Il a fait partie des trois meilleurs de l’équipe de France chez les valides. Il est meilleur que moi. Heureusement, car il doit toujours me pousser à donner le meilleur.

Ça ne doit pas être évident de se laisser guider au seul son de la voix…

Thomas : C’est devenu un réflexe pour moi d’aller dans la direction du bruit. La difficulté, c’est quand il y a de la neige et du vent. Je n’entends pas bien la voix de Julien.

Et pour le biathlon, comment fais-tu pour tirer avec la carabine en étant aveugle ?

Thomas : J’ai une arme spéciale. Plus je suis proche de la cible, plus elle bipe avec un son aigu. Quand je vise le centre, le son est ultra-aigu. Ce signal m’indique que je peux tirer.

Quand on est à ton niveau, on va très vite, on prend beaucoup de risques. Tu as peur parfois ?

Thomas : Certains jours, j’arrive à dominer ma peur. D’autres jours, quand je suis fatigué, mon cerveau a du mal. Du coup, j’entends moins bien, je perds l’équilibre et là, j’ai peur.

Que fais-tu quand tu ne t’entraînes pas ?

Thomas : J’ai un métier, je suis kinésithérapeute. Et puis, je nage, je cours, je fais du vélo…

Tu as bon espoir de ramener une médaille ?

Thomas : Bien sûr, ce serait le top. Mais les Canadiens et les Scandinaves sont très forts. Ils ont de très bonnes écoles de sport pour aveugles. Alors la concurrence va être rude !
Sur 1jour1actu.com, découvre très bientôt l’interview de Julien, le guide de Thomas.