La rédaction d’1jour1actu tient à avertir les plus jeunes lecteurs : ce témoignage, symbole de la barbarie de la guerre, s’adresse aux plus grands.

(© Centre de la Mémoire d'Oradour)

(© Centre de la Mémoire d’Oradour)

1jour1actu : Quel âge aviez-vous au moment du massacre ?

Robert Hébras : J’avais 18 ans et je vivais chez mes parents, à Oradour. Mais je travaillais à Limoges, dans un garage. Le jour du massacre, j’aurais dû être au travail. Seulement voilà, mon patron qui s’était fâché la veille avec un officier nazi avait préféré que je ne vienne pas travailler de peur que je sois envoyé en Allemagne pour le STO*. Il pensait que je serais à l’abri, chez moi.

Où étiez-vous quand les Allemands sont arrivés ?

Robert Hébras : Il était 14 heures. J’étais avec ma mère et l’une de mes sœurs à la maison. Soudain, j’ai vu défiler deux véhicules militaires. Ma mère est sortie de sa cuisine, un torchon à la main, pour regarder ce qui se passait. Je n’étais pas inquiet : dans ma tête, ces soldats allemands faisaient route vers la Normandie. Et puis j’avais l’habitude de les voir à Limoges, alors… Sauf qu’une fois arrivés en haut du village, ils sont descendus de leurs véhicules et ont donné l’ordre aux habitants de se regrouper sur la place du bourg.

Sur cette place, que s’est-il passé ?

Robert Hébras : Nous étions calmes d’autant que les soldats nous mettaient en confiance. Aussi, quand ils ont séparé les hommes des femmes et des enfants et qu’ils les ont fait partir, je n’ai pas pensé qu’ils allaient les tuer. Et nous tuer. C’est pourtant un acte prémédité : les soldats étaient en tenue de combat et ils avaient si bien encerclé Oradour que personne ne pouvait s’enfuir. Après, tout est allé très vite. Les hommes ont été divisés en petits groupes à différents endroits de la commune. Nous étions une cinquantaine à avoir été conduits dans une grange. C’est le seul lieu d’où six hommes – dont moi – arriveront à s’échapper.

Pourquoi vous a-t-on amené dans cette grange ?

(© Centre de la Mémoire d'Oradour)

(© Centre de la Mémoire d’Oradour)


Robert Hébras : Pour nous fusiller, comme dans les autres lieux. À ce moment-là, les femmes et les enfants étaient dans l’église du village. Nous, on ne le savait pas, on les croyait à l’abri. Après nous avoir tiré dessus, les soldats allemands ont mis feu à la grange. J’ai reçu une balle qui ne m’a pas tué et j’ai fait semblant d’être mort. J’ai décidé de m’échapper quand les flammes ont commencé à m’atteindre, quitte à être fusillé par les soldats. Je ne voulais pas être brûlé vif, c’est un instinct de survie ! Mais quand je suis sorti, les soldats n’étaient plus là. Je me suis enfui et caché. Dans une étable, je suis tombé sur des villageois qui avaient aussi échappé aux fusillades. C’était un soulagement. Vers 19 heures, on a décidé de quitter Oradour à travers les champs. Le village était en feu, les soldats allemands ont voulu effacer les traces de leur massacre.
(© Centre de la Mémoire d'Oradour).

(© Centre de la Mémoire d’Oradour).

Et votre famille, a-t-elle survécu ?

Robert Hébras : Mon père et l’une des mes sœurs n’étaient pas à Oradour ce jour-là. Ma mère et mes deux autres sœurs, si. Elles sont mortes dans l’église où ont péri 350 femmes et enfants. Parmi eux, il y avait un bébé d’une semaine et une vieille dame de 90 ans. Une seule habitante s’en est sortie. Le symbole de la barbarie d’Oradour, c’est son église.
 
 Pour comprendre ce qu’il s’est passé à Oradour-sur-Glane, tu peux également visionner la vidéo ci-dessous :